LA COMPETENCE INTERCULTURELLE
Prof. Octavian Horia MINDA
Şcoala cu clasele I-VIII SINANDREI TIMIŞ
La compétence interculturelle peut être conçue comme étant la capacité du locuteur-auditeur à saisir, à comprendre, à expliquer et à exploiter positivement les données pluriculturelles ou multiculturelles dans une situation de communication donnée. Une telle définition, pense Abdallah-Pretceille (1996 : 29), n'implique pas une simple connaissance descriptive des cultures ou une simple connaissance des faits de civilisation, « mais une maîtrise de la situation de communication dans sa globalité, dans sa complexité et dans ses multiples dimensions (linguistique, sociologique, psychologique...et culturelle) ».
La compétence interculturelle déborde la compétence culturelle en ceci que
entre la connaissance des différences culturelles (dimension ethnographique) et la compréhension de la variation culturelle (dimension anthropologique), il n'y a pas qu'une simple différence de formulation mais le passage d'une analyse en termes de structures et d'états à celle de processus, de situations mouvantes, complexes, imprévisibles et aléatoires compte tenu de l'hétérogénéisation culturelle croissante au sein même de ce que l'on appelle traditionnellement les cultures (Abdallah-Pretceille, 1996 : 32).
La compétence interculturelle devrait dès lors permettre au locuteur-auditeur d'acquérir une capacité de perception et d'anticipation plus complexe. Cette capacité ne doit pas être perçue, saisie et mise en évidence essentiellement dans des situations classiques de communication, mais aussi lors des situations d'enseignement où les interactions didactiques impliquent que l'enseignant communique non seulement avec l'apprenant, mais aussi et surtout avec le texte - objet de l'enseignement - et les données culturelles qui en constituent le tissu. En effet, il s'agit pour le locuteur/enseignant de pouvoir réagir efficacement par rapport aux systèmes de classement à l'aide desquels fonctionnent, non pas une communauté, mais des communautés sociales et de pouvoir anticiper dans les situations de communication les plus complexes et les plus diversifiées, que ce soit par rapport au texte ou par rapport aux capacités d'appréhension des apprenants. Et c'est ici que la compétence interculturelle sinon déborde, du moins se rapproche de la compétence de communication telle que définie par Hymes.
Cité par Galisson et Coste (1976 : 106), Hymes
désigne sous l'expression de compétence de communication la connaissance (pratique et non nécessairement explicitée) des règles psychologiques, culturelles et sociales qui commandent l'utilisation de la parole dans un cadre social.(...) [Elle] suppose la maîtrise de codes et de variantes sociolinguistiques et des critères de passage d'un code ou d'une variante à d'autres : elle implique aussi un savoir pragmatique quant aux conventions énonciatives qui sont d'usage dans la communauté considérée.
Ainsi, la compréhension anthropologique des faits culturels prend le pas sur leur connaissance ethnographique. L'étude de faits statiques devient une analyse en termes de phénomènes qui évoluent et d'interactions langagières entre les hommes. Il faut donc comprendre que dans cette étude, le phénomène culturel est à la fois langagier et linguistique. Il est langagier parce que toute production textuelle est une communication qui vise un destinataire prêt à écouter et à interpréter. Ce fait langagier se veut par ailleurs social parce qu'il implique plusieurs instances de parole. Enfin, le fait culturel est linguistique parce qu'il se transmet par et à travers le code fait de sons et de sens qu'est la langue.
Il faudrait dès lors pouvoir distinguer dans le langage ce qui relève de la culture sociale et ce qui relève de la culture individuelle du locuteur, qu'il s'agisse de « culture cultivée » ou de « culture médiatisée ». C'est dire qu'il faudrait distinguer ce qui relève du fond culturel collectif (us et coutumes) de ce qui relève de la créativité ou de la fantaisie personnelle du sujet parlant. Mais au-delà de toutes ces analyses, il faut reconnaître avec Lê Thành Khôi (1983 : 1) qu'en société, l'interculturel est identifiable à travers « le processus d'interaction verbal ou non verbal entre membres de cultures différentes » .
Et Camilleri et Vinsonneau (1996 : 36) de conclure dès lors que « maintenant, c'est le contact des cultures qui devient objet de science en tant que tel, la réflexion se polarisant sur les phénomènes qui en résultent au plan de la relation». Ce contact indiscutable est fondamentalement identifiable dans les interactions langagières verbales dont l'analyse repose sur la connaissance implicite et explicite de la culture qui se veut pluridimensionnelle. L'explicite rejoint dès lors la compétence de communication, c'est-à-dire l'usage pragmatique, effectif et efficient qui est fait des composants culturels en contexte de communication quotidienne et pourquoi pas en contexte d'enseignement/apprentissage.
Les principes de la démarche interculturelle
Les principes de la démarche interculturelle telles que envisagées dans la fiche de lecture de Clément (2001) sont au nombre de quatre, à savoir se décentrer, se mettre à la place des autres, coopérer et Comprendre comment l'autre perçoit la réalité et comment l'autre me perçoit. Ces principes sont ci-dessous explicités.
Se décentrer signifie jeter sur soi et sur son groupe un regard extérieur. L'objectif est d'apprendre à objectiver son propre système de références, à s'en distancier (sans pour autant le récuser) et donc à admettre l'existence d'autres perspectives.
Se mettre à la place des autres, c'est développer des capacités empathiques : se mettre à la place des autres, se projeter dans une autre perspective. Appréhender une culture, c'est dépasser une vision parcellaire et ne pas la réduire à une énumération de faits et de caractéristiques culturels, ne pas classer, ne pas généraliser.
Coopérer signifie dépasser les préjugés, faire la démarche d'essayer de comprendre l'autre.
Comprendre comment l'autre perçoit la réalité et comment l'autre me perçoit implique apprendre à décoder correctement les messages émis. Pour cela, il est nécessaire de connaître un certain nombre de données quant à la grille de comportement de son interlocuteur.
Tels sont les principes de la démarche interculturelle que nous vivons déjà quotidiennement, et cela le plus souvent malgré nous, dans des interactions linguistiques, culturels ou tout simplement humaines qui nous frustrent, nous aliènent, provoquent des rejets ou des replis sur soi ou dan le meilleur des cas nous valorisent, mais toujours au détriment d'un autre. Dès lors, pour tirer le meilleur profit des contacts et échanges interculturels, il serait mieux non seulement de les circonscrire dans leurs lieux d'incrustation, mais aussi et surtout d'envisager leur gestion dans les milieux sociaux où ils sont autrement récurrents tels que la classe de langue. C'est la justesse de ce cadre qui est en effet un des lieux privilégiés d'exploration, d'expérimentation et d'application de la démarche interculturelle qui fonde les hypothèses sous-tendant la présente étude.
Bibliographie
ABDALLAH-PRETCEILLE, M. et PORCHER, L., (1996), Education et communication interculturelle, Paris, PUF.
CAMILLERI, C. et VINSONNEAU, G., (1996), Psychologie et culture : concepts et méthodes, Paris, Armand Colin.
CLEMENT, C., (2001), Les fiches de lecture de la Chaire de D.S.O., CNAM
GALISSON, R. et COSTE, D. (sous la direction de), (1976) : Dictionnaire de didactique des langues, Paris, Hachette, 612 pages
LË THANH KHÖI, (1983) : « Notes pour un débat », Colloque Education et communication interculturelle dans une perspective comparative, Sèvres, AFEC.
|