L’IMPORTANCE DE LA LECTURE AU PRIMAIRE
Prof. Octavian Horia Minda
Şcoala cu clasele I-VIII, Sînandrei, Timiş
L'acquisition de la lecture se fait progressivement, à partir du développement des compétences langagières de base jusqu'au stade de la lecture autonome. La communication orale, autrement dit la capacité de s'exprimer et d'écouter les autres, est indispensable à la réussite en lecture. Quelle que soit leur culture, les enfants apprennent leur langue maternelle grâce à l'observation et à l'écoute de leur entourage, lorsqu'ils interagissent avec les membres de leur famille et autres proches. Il s'agit là en général d'un phénomène tout à fait naturel.
Si apprendre à parler va de soi, il n'en va pas de même pour l'apprentissage de la lecture. Les enfants ont besoin qu'on leur enseigne à comprendre, à interpréter et à utiliser les symboles de la langue écrite. C'est d'ailleurs l'un des objectifs essentiels des premières années de scolarisation.
La maîtrise de la lecture est la base même du rendement de l'élève tout au long de sa scolarité. Or, la période sensible pour l'apprentissage de la lecture se situe entre quatre et sept ans. Les enfants qui apprennent à lire au cours des premières années du primaire sont dès lors fin prêts à lire pour apprendre et pour se distraire. Par contre, les enfants qui éprouvent des difficultés en lecture jusqu'en 3e année sont sérieusement défavorisés. Ces enfants ont du mal à se maintenir au même niveau que leurs camarades en lecture et ils prennent également du retard dans d'autres matières. Il leur arrive souvent d'avoir une piètre estime de soi et, arrivés à l'adolescence, leur taux de décrochage scolaire est nettement supérieur à la moyenne. Les difficultés en lecture de certains enfants sont un constat d'échec davantage pour le système éducatif que pour eux-mêmes. Un tel constat est loin d'être inévitable, même pour les élèves aux prises avec les pires difficultés.
Les stades d'acquisition de la lecture
L'acquisition de la lecture se fait en plusieurs stades. Bien que les spécialistes de la lecture les qualifient et les décrivent de différentes façons, ces stades sont pour ainsi dire les mêmes.
- Au premier stade, que nous appellerons la prélecture, les enfants ne lisent pas vraiment, mais font semblant. Il se produit à ce stade une prise de conscience de ce que sont la lecture et ses mécanismes. Les enfants réalisent que les choses que l'on dit peuvent être mises par écrit par une personne et reprises verbalement par une autre.
- Au stade suivant, celui de la lecture débutante, les enfants commencent à prêter attention à la façon dont les lettres et les mots imprimés représentent les sons et les mots de la langue parlée. À ce stade, leur préoccupation est de comprendre les correspondances entre les lettres ou combinaisons de lettres et les sons de la langue. Pour pouvoir aider les élèves à cette étape de leur apprentissage, les enseignantes et enseignants doivent bien mesurer ce qui fait la complexité du système alphabétique et aborder ces aspects de la manière la plus simple possible.
- Arrive enfin le stade de la lecture courante, celui où, grâce à une reconnaissance rapide des mots, les élèves accèdent à une bonne compréhension du texte lu. Il s'agit à ce stade de donner aux élèves maintes occasions de lire des textes familiers, structurés et intéressants, qui leur permettent d'accéder à une lecture efficace, autrement dit rapide et sans effort. À force de lire, les enfants acquièrent une fluidité grâce à laquelle lire devient une source de plaisir et d'information.
Il appartient au personnel enseignant de se servir de livres qui donnent aux élèves le goût de les regarder, de les tenir et de s'intéresser à leur contenu. De cette façon, le personnel enseignant peut transmettre aux élèves le goût de la lecture et ainsi créer les conditions favorables à leur progression d'un stade de l'acquisition de la lecture à un autre.
La lecture comme moyen d'apprentissage
Les premières années, l'enseignement met l'accent sur l'importance de l'apprentissage de la lecture, mais, avec le temps, son thème dominant devient l'importance de lire pour apprendre. C'est pourquoi lire pour apprendre est l'une des raisons de toute lecture et ce qui lui donne, entre autres, sa valeur. Avant que les enfants puissent lire pour apprendre, il faut les aider à devenir des lectrices et des lecteurs engagés et réfléchis. Il s'agit de leur fournir un enseignement explicite de la compréhension et des habiletés de la pensée afin de leur permettre de repérer et de se rappeler les informations importantes du texte. Il convient aussi de les aider à faire le rapprochement entre les informations d'un texte et leurs connaissances antérieures, afin de leur permettre de bâtir et d'approfondir leur compréhension des écrits.
La facilité et la vitesse du passage de la phase d'apprentissage de la lecture à la phase lire pour apprendre dépendent de plusieurs facteurs, entre autres :
- la stimulation langagière de l'élève avant son entrée à l'école, par des livres et la lecture d'histoires, la conversation et les occasions de poser des questions et d'y répondre;
- la qualité et la durée de l'enseignement de la lecture qui lui a été dispensé durant ses premières années de scolarité;
- les interventions précoces et spécifiques dont l'élève a pu bénéficier, le cas échéant, en cas d'éventuels risques d'échec de son acquisition de la lecture;
- le soutien continu de sa famille et de son entourage.
La stimulation de la lecture
S'il est vrai que certains enfants apprennent à lire à un jeune âge sans avoir passé beaucoup de temps sur les bancs de l'école, il serait faux de croire que ce phénomène se produit uniquement à cause d'une éventuelle exposition à des livres de « bonne » qualité. La plupart des enfants ont besoin d'un enseignement formel, en plus d'une exposition fréquente à des livres qui leur conviennent, avant de pouvoir déchiffrer le code complexe de la langue écrite et d'être aussi à l'aise en lecture qu'à l'oral.
Pour être efficace, l'enseignement doit offrir aux élèves une stimulation visuelle, auditive et kinesthésique, bref, transformer la lecture en une expérience animée et entraînante. Un bon programme d'enseignement en salle de classe incorpore l'enseignement direct et systématique, des exercices de modelage et d'entraînement, la lecture fréquente de textes variés, une évaluation continue, une rétroaction au moment opportun, sans oublier l'éloge des progrès des élèves. Par la participation active au processus de lecture, les élèves utilisent au mieux leur bagage croissant de connaissances et leurs compétences pour lire avec facilité et compréhension. Au fil du temps se développe une habileté grandissante à lire des textes de plus en plus complexes et à résoudre les problèmes lorsque le texte n'est pas clair. Les élèves sont capables de réfléchir au contenu d'un texte et de communiquer ce qu'ils en ont retenu et de porter un jugement sur leur lecture.
L'établissement de bases solides
Il est préférable que l'apprentissage de la lecture débute tôt, avant même l'entrée à l'école. Les enfants qui ont l'occasion de participer à des activités d'expression orale et qui sont exposés à de l'information écrite dès leur plus jeune âge, que ce soit à la maison, à la garderie, dans un programme préscolaire, au jardin d'enfants ou à la maternelle, en tirent un avantage indéniable. L'enfant pourrait par exemple:
- observer des personnes qui lisent;
- écouter la lecture à haute voix de toutes sortes de livres et en parler par la suite;
- regarder, manipuler et faire semblant de lire des livres familiers, des abécédaires, des poèmes, des comptines;
- faire le récit mimé d'histoires, répéter des histoires familières et chanter des chansons;
- reconnaître les concepts associés à l'écrit (par exemple un livre a un recto et un verso);
- repérer les diverses formes que prend l'écrit dans le milieu ambiant (par exemple affiches routières, emballages des produits alimentaires);
- reconnaître que les mots sont formés de sons et organiser ces sons dans le cadre de jeux de rimes, de substitution, d'allitération, etc.
Toutes ces activités servent à enrichir le vocabulaire des enfants et à développer et à améliorer leurs compétences en communication orale, de même qu'à leur donner le goût de la lecture.
Les objectifs de l'enseignement de la lecture
La lecture, c'est l'action de déchiffrer ce qui est écrit et d'en saisir le sens. Un enseignement efficace de la lecture au primaire permet à l'ensemble des élèves de devenir des lectrices et des lecteurs fortement motivés, comprenant le contenu de leurs lectures et sachant appliquer et communiquer leurs connaissances et leurs habiletés dans de nouveaux contextes.
Le cadre d'action présenté à la figure 1 cerne les trois principaux objectifs de l'enseignement de la lecture :
- La fluidité correspond à l'habileté de reconnaître les mots et de lire le texte qu'ils forment avec rapidité et une certaine expression. La fluidité vient à force de lire des livres simples, qui traitent de sujets familiers et qui contiennent surtout un vocabulaire courant et répétitif, afin d'éviter que l'enfant ne bute sur des mots inconnus. À mesure que leur lecture devient plus fluide, les enfants développent leur habileté à lire de façon plus expressive, en faisant les pauses aux endroits appropriés, ce qui leur permet de mieux comprendre le sens d'un texte.
- La compréhension est l'habileté à extraire le message d'un texte, à y réfléchir et à en tirer des conclusions. Un enseignement efficace de la lecture se fonde sur les connaissances préalables, le vécu, les compétences langagières et les habiletés supérieures de la pensée.
- La motivation à lire est l'élément clé de l'implication des enfants dans la lecture, l'étincelle qui attise la passion pour la lecture. Il est important que les enfants soient plongés dans un environnement où les écrits abondent, sous forme de livres captivants, de poèmes, d'images, de tableaux et d'autres ressources qui éveillent leur intérêt et leur donnent envie de lire pour s'informer et se distraire.
Ces trois objectifs sont interreliés et les stratégies permettant de les réaliser doivent être coordonnées.
Bibliographie
Alves Martins, M. et C. Selva. 2001. « Le rôle de la conscience phonologique dans l'apprentissage de la lecture: Apports et limites ». Dans Comprendre l'enfant apprenti lecteur. Recherches actuelles en psychologie de l'écrit, sous la direction de G. Chauveau, p. 89-100. Paris, Retz
Giasson, J. 1990. La compréhension en lecture. Boucherville, Gaëtan Morin
Giasson, J. 1995. La lecture. De la théorie à la pratique. Boucherville, Gaëtan Morin
Perrenoud, P. 1997. Construire des compétences dès l'école. Issy-les-Moulineaux, ESF
|