LA TRADUCTION POETIQUE
Prof. Florescu Paula Cristina,
Liceul Tehnologic Constantin Brâncuşi Piteşti
Acest articol se opreşte asupra actului de traducere poetică care este capital pentru dialogul între culturi şi mai ales între literaturi, în fond între oameni.
Ce travail se propose de faire un schéma de quelques principes de la traduction poétique.
La lecture en vue de la traduction comporte une première étape analogue à la lecture courante : à ce stade on perçoit les structures poétiques, issues du texte. Il s’agit d’une éventuelle suite actancielle, à laquelle s’ajoutent les structures rhétoriques, surtout les métasémèmes. On arrive à dégager les éléments constants, regroupés sur le plan sémantique dans des isotopies. Le texte moderne cultive les allotopies fondées sur la dislocation du discours poétique.
Le principe que nous énonçons ici consiste dans le fait que le niveau de lecture totale ne saurait être atteint que par une attitude créatrice envers le texte poétique. Tant que celui-ci est conçu comme un document philologique, ses lectures ne sont que partielles.
Il existe deux types de traductions : la traduction intralinguale et la traduction interlinguale, rattachées, dans la didactique des langues au procédé de la paraphrase. La traduction intralinguale est moins utilisée en poétique puisque la paraphrase représente une perte considérable d’information poétique.
On peut pourtant imaginer d’autres procédés de traduction intralinguale d’un poème qui incarne la lecture totale créatrice. Le sonnet de Baudelaire « La Beauté »
Je suis belle, o mortels comme un rêve de pierre
Et mon sein où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.
puis on produit une « Antibeauté » dans une relation antonymique :
Je suis laid, déesse, une pierre de rêve
Et mon flanc, où personne n’a mordu jusqu’ici,
Est fait pour libérer la poétesse du souci
Passager et bavard comme lune se lève.
La lecture totale consiste ici dans l’emploi presque constant des unités contraires au texte initial.
Mais revenons à la lecture proprement dite. Elle met en parallèle deux codes linguistiques et perilinguistiques. Pour passer des uns aux autres, il existe des opérations adéquates. Tout d’abord il faut procéder à l’analyse sémantique: le texte est décomposé en unités de sens et celles-ci sont divisées en traits sémiques. Pour l’ensemble des niveaux de langue, les procédés les plus connus sont : la transposition, la modulation, l’équivalence et l’adaptation.
Ces opérations entraînent implicitement des transpositions de relations : la relation d’ordre, les relations entre ensembles, telles la réunion, l’intersection.
Il existe un aller-retour : la première étape, c’est la lecture qui aboutit à la traduction ; le retour, c’est la lecture de la poésie devenue bilingue, qui commence par la traduction pour arriver à l’original. Ce double trajet constitue une lecture super-totale.
Toute traduction, mais surtout la traduction poétique doit envisager les particularités fondamentales de l’original, qui vont être transposées de telle façon que le texte apporte un air frais dans le nouveau milieu culturel, où il entre par son expression inédite.
Quand on ne peut pas traduire un mot, il faut recourir à la séparation de sa signification dans ses traits constitutifs. Dans la traduction des poèmes de Blaga apparaissent souvent des mots soi-disant intraduisibles du type dor qui n’a pas de correspondant direct en français.
Mais le français dispose, pour le traduire, des termes désir, nostalgie et dans une moindre mesure langueur. C’est ainsi qu’on a traduit Dorul, titre d’un poème de Blaga par Désir puisque le texte parlait explicitement du désir. Il s’ensuit que la traduction est plus précise que l’originel, celui-ci avait une qualité supplémentaire, fondée justement sur l’ambiguïté produite par le sémantisme de dor. Mais on peut trouver des effets comparables, par exemple si on traduit amiaza noptii par le cœur de la nuit ; en roumain il y a une sorte d’antiphrase, alors qu’en français apparaît une métaphore, mais courante
L’emprunt est la voie directe de résoudre les différences linguistiques, mais aussi sémiotiques. En réalité l’emprunt d’un terme implique aussi la reprise de la chose dénommée, du referant. L’objet en question est lui aussi un signe.
La poésie recourt rarement à des emprunts nouveaux, évitant même les emprunts consolidés, parfois pour des raisons puristes, mais le plus souvent parce qu’elle utilise des mots courants dans des combinaisons inédites.
La traduction poétique produit constamment des calques, surtout des calques de nature sémantique. L’exemple « ţărână » traduit en français par terre, si par la traduction on peut suggérer le trait supplémentaire de l’original, il se produit un calque sémantique.
Le calque sémantique se réalise massivement dans la traduction des tropes, la métaphore, la métonymie, la synecdoque.
La transposition est l’opération destinée à résoudre les difficultés qui résident dans les différences de structures sémiotiques, linguistiques et extralinguistiques. Les nombreuses dislocations de phrases, l’isolation de l’épithète, l’utilisation de l’élément prédicatif supplémentaire, la non-détermination sont des structures dont la transposition est difficile en français.
La modulation est en réalité une série de transpositions recouvrant tout un processus de pensée. On peut l’illustrer avec un ensemble cohérent, tel que le cycle de Blaga consacré au die Pan.
L’adaptation est rare en poésie, elle s’applique aux productions théâtrales et romanesques où pèsent beaucoup les structures sémiotiques extratextuelles. En poésie l’adaptation aboutit à la création de nouveaux poèmes élaborés à la manière de l’original.
Dans la traduction de la poésie est essentiel de garder la forme prosodique (la rime, le rythme, la structure des strophes), mais cela ne signifie qu’on ne peut pas changer le nombre des syllabes d’un vers. Pour reproduire en roumain le rythme d’un vers français il est nécessaire, souvent, d’allonger le vers d’une à trois syllabes, mais, une fois choisi le nombre de syllabes, il doit être respecté jusqu'à la fin de la traduction.
On doit tenir aussi compte que le respect de la forme prosodique, mais aussi du caractère allusif-ambigu de certains mots n’est pas possible sans des modifications au niveau lexical, phrastique et transphrastique : des équivalences, des adjonctions, des suppressions, des compensations, des modifications à l’ordre des vers, des reénonciations.
Toute traduction poétique doit envisager les particularités fondamentales de l’original qui vont être transposées de telle façon que le texte apporte, par son expression inédite, un air frais dans le nouveau milieu où il entre.
Bibliographie :
Miclău Paul, Signes poétiques, E.D.P., Bucuresti, 1983.
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