Ilie MINESCU
Universitatea de Vest Timişoara
En tant qu’outil pédagogique pour l’enseignement/apprentissage des langues, le jeu a une longue tradition. Les éducateurs de la Renaissance l’utilisaient déjà pour apprendre le latin aux enfants … même s’il a rarement fait l’objet d’une problématisation, et son utilisation reste le plus souvent empirique. Il suffit de consulter la plupart des ouvrages consacrés au jeu en tant qu’outil pédagogique pour la classe de FLE pour constater qu’il s’agit dans la plupart des cas de recueils d’activités sans un étayage théorique très poussé.
Depuis plusieurs années, les activités ludiques en classe de langue ont commencé à gagner du terrain et presque tous les enseignants semblent d’accord pour reconnaître leur utilité. L’utilisation du jeu dans la classe de langue peut avoir beaucoup d’avantages.
Le jeu permet:
· de proposer des situations réelles de communication, par des situations authentiques: être à la recherche de ce que l’on ne connait pas;
· communiquer: c’est chercher à savoir, échanger des informations, comparer. C’est dépasser la peur de faire des erreurs, de ne pas comprendre et celle de ne pas être compris.
· l’interactivité: les enfants sont autonomes, le maître est médiateur. Donc d’obtenir une attention et une implication de l’ensemble des élèves.
· de proposer une grande variété de situations motivantes et familières.
· de modifier le rythme d’un cours et de relancer l’intérêt des élèves.
· d’apporter aux élèves un moment où ils s’approprient l’action et d’accroître le temps de parole de chacun.
· de faire répéter et réutiliser de façon naturelle des structures, du vocabulaire.
· de faire participer les élèves timides ou anxieux.
· et surtout de mettre en place une communication d’élève à élève pour
rompre avec le dialogue élève-professeur ou classe-professeur, celui-ci étant directif et limitant les échanges verbaux!
· favoriser l’interaction d’élèves à élèves permet d’augmenter le temps de parole et l’autonomie de chacun.
Pourtant, le jeu a aussi des limites. Il ne permet pas de présenter une structure ou du lexique. Il faut avoir bien «mis en bouche» avant. Le vocabulaire doit être connu ainsi que la syntaxe. Le jeu permettra alors l’assimilation de ce vocabulaire, de ces syntaxes.
Quelles seraient les étapes préalable au jeu?
- Vocabulaire connu ainsi que syntaxe.
- Toujours un échauffement avant. Répétitions collectives et individuelles.
- Accepter les erreurs. Circuler dans la classe pour vérifier que les enfants font un travail acceptable. De temps en temps corriger mais ne pas bloquer la fluidité du discours.
Les contraintes de mettre en place un jeu:
► La gestion du temps: Le temps de déroulement d’un jeu doit être bien calculé pour entrer dans l’horaire, pour éviter la monotonie ou la
frustration, pour être productif !
► Le bruit et l’effervescence et la place du français: Les élèves vont s’impliquer sans retenue dans un jeu motivant. Dans l’effervescence du moment, surtout si le jeu induit une compétition, certains élèves pourront avoir tendance à recourir à la langue maternelle, il faudra alors être vigilant et reformuler les objectifs.
► Dès le début: fixer des règles précises, de jeu mais aussi de conduite.
Des formules, des phrases types correspondant au besoin d’expression de l’enthousiasme ou de la déception pourront être données et apprises. Il est possible de mener avec les élèves une réflexion sur ces petites phrases dont on a besoin lorsque l’on joue et fabriquer un panneau où elles seront répertoriées.
Le matériel utilisé pour un jeu dera du plus simple (jeu de mime, utilisation de flash cards) au plus élaboré (jeux à base de carte, devant être fabriqués au préalable, utilisation de sites internets pour les jeux en ligne etc.) Fabriquer ces jeux prend du temps au départ, c’est vrai, mais si l’on en réalise petit à petit cela fait gagner du temps ensuite. Pourquoi ne pas proposer la création de jeux aux enfants ? Les jeux les plus efficaces ne sont pas forcément les plus coûteux!
Le jeu est un précieux outil pédagogique d’approfondissement et d’appropriation. C’est un outil irremplaçable par l’authenticité de communication qu’il permet. En outre, en permettant l’autonomie d’un groupe d’élèves, le jeu répond aux besoins de cours à plusieurs niveaux, et permet la pratique d’une pédagogie différenciée.
BIBLIOGRAPHIE
Julien, P., Activités ludiques, Paris, CLE International, 1997
Feldhendler, D., La dramaturgie relationnelle in Le Français dans le monde: «Apprendre les langues étrangères autrement», Numéro spécial du Janvier, Hachette Edicef, 1999.
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