DOCUMENTS AUTHENTIQUES ORAUX
Lector univ. Ilie MINESCU
Universitatea de Vest TIMIŞOARA
Origine et Classement
Les documents authentiques ont fait leur entrée en didactique des langues au cours de la décennie 1970 lorsque s’est engagée la réflexion sur la suite à donner aux méthodes SGAV du niveau 1. Depuis, leur utilisation dans une classe de langue a ouvert beaucoup de possibilités et leur exploitation s’est très nettement développée tant pour faire acquérir des savoirs langagiers que pour transmettre des savoir-faire d’ordre socioculturel.
Par opposition aux supports didactiques, rédigés en fonction de critères linguistiques et pédagogiques divers, les documents authentiques sont des documents « bruts », élaborés par des francophones pour des francophones à des fins de communication. Ce sont donc des énoncés produits dans des situations réelles de communication et non en vue de l’apprentissage d’une seconde langue. Ils appartiennent ainsi à un ensemble très étendu de situations de communication et de messages écrits, oraux et visuels, d’une richesse et d’une variété inouïes :
- des documents de la vie quotidienne (plan d’une ville, horaires de train, dépliants touristiques) ;
- des documents d’ordre administratif (fiches d’inscription, formulaire pour ouvrir un compte bancaire) ;
- des documents médiatiques écrits, sonores ou télévisés (articles, bulletins météo, horoscopes, publicité) ;
- des documents oraux (interviews, chansons, conversations à vif, échanges spontanés) ;
- des documents iconographiques (photos, tableaux, dessins humoristiques).
Documents authentiques oraux
Les documents authentiques oraux sont particulièrement nombreux et offrent un contenu linguistique très varié et marqué par rapport aux variations socioculturelles et affectives de la langue parlée, d’une manière générale, dans les pratiques d’enseignement, c’est la radio qui offre une mine inépuisable de documents divers et leur panoplie est des plus variées. Il faut reconnaître que cet outil d’information présente de grandes possibilités sur le plan pédagogique, mais ne pas négliger combien l’écoute des émissions radiophoniques, soit en direct, soit en différé et avec plusieurs écoutes grâce aux enregistrements, reste difficile au niveau de la compétence strictement linguistique : le débit de la parole, l’impossibilité d’intervenir sur locuteur, l’absence de visuel et la méconnaissance du référent constituent les obstacles majeurs et il est nécessaire d’adopter des stratégies afin de favoriser l’accès au sens et faciliter la compréhension globale.
Un autre domaine tient également le haut du pavé dans la didactique de l’oral : il s’agit de la chanson que l’on va exploiter dans toutes ses dimensions intrinsèques et ne plus considérer uniquement dans sa dimension de détente ou distraction, même si le plaisir de l’écoute reste une priorité.
Ce type de document possède des caractéristiques qui lui sont propres : une voix, des instruments, une orchestration, des rythmes, une mélodie et un texte. Si les effets de la mélodie sur le message linguistique sont divers et peuvent être contrastés, ils sont toujours déterminants et facilitent généralement l’accès à la compréhension. La chanson semble particulièrement bien convenir aux niveaux débutant et intermédiaire et plus apte au réemploi de certains éléments d’acquisition que d’autres supports oraux ou sonores. Comme tout document authentique, la chanson doit s’insérer dans une dynamique pédagogique regroupant des supports variés avec des objectifs bien définis, sinon elle risque de n’être qu’une simple parenthèse récréative. Créée pour être écoutée, elle nécessite des stratégies d’écoute et de compréhension particulières d’autant plus qu’à l’heure actuelle la musique semble plus importante que le texte et a tendance à le recouvrir. Mais, ne pas comprendre à la première écoute une chanson n’a rien d’étonnant et il faudra savoir exploiter ce phénomène. Ce matériel est facile à obtenir et des sites sur Internet offrent une riche documentation.
Documents visuels et télévisuels
A la panoplie des textes médiatiques et des documents sonores, d’une grande fécondité potentielle pour l’enseignement des langues, s’est ajouté un autre support offrant une spécificité particulière, car il allie deux éléments complémentaires : le texte (scriptural ou oral) et l’image. Il s’agit de la publicité et de la bande dessinée. Ces deux domaines se situent à un carrefour car ils utilisent des moyens d’expression dérivés à la fois du cinéma et de la littérature.
Par la suite, avec la vidéo, c’est l’image animée, mobile, qui a fait son intrusion dans la classe de langue : ce nouvel auxiliaire pédagogique, outre l’attrait qu’il exerce et la possibilité qu’il permet d’introduire une langue variée, actuelle et en situation, fournit un réservoir de savoir-faire langagiers et de pratiques de communication. Il facilite la compréhension, car il permet une bonne contextualisation en présentant l’environnement de communication et une vision du non-verbal (mimique, gestuelle) : celui-ci apporte en lui-même une foule d’informations qui aident à la création du sens. La télévision et le document vidéo témoignent directement de la réalité sociale et culturelle, créant un sentiment de « proximité du lointain », pour reprendre une expression de Heidegger dans un tout autre contexte, et favorisent la compréhension et l’acquisition d’une véritable compétence culturelle.
Documents authentiques électroniques
Les documents authentiques ont connu un regain d’intérêt grâce aux opportunités qu’offre le multimédia : la possibilité de faire coexister, à l’intérieur d’un même document, un support authentique (textuel, visuel et audiovisuel) et son traitement hypertextuel. Dans cette situation, l’élève a la possibilité d’interagir avec les informations qui lui sont données et, donc, de construire son propre parcours d’apprentissage. De nombreux didacticiens proposent maintenant d’utiliser comme des documents authentiques les encycopédies électroniques, les cédéroms des musées, les livres animés, les produits ludo-éducatifs ou les matériels prévus pour d’autres disciplines comme les logiciels d’histoire.
Les Caractéristiques du document sonore
A. Le Débit:
C’est la vitesse utilisée pour dire un énoncé. Elle joue un rôle important dans la compréhension orale. Il faut donc faire attention à cette question et être prudent concernant les seuils de débit proposés par certains chercheurs, c’est-à-dire la vitesse à laquelle la compréhension commence à diminuer (entre 150 et 200 mots par minute.)
Les chercheurs ont insisté sur le fait que la compréhension diminue progressivement à mesure que la compression augmente.
B. Les pauses et les hésitations
Les pauses peuvent faciliter la compréhension des apprenants :
- En ménageant du temps pour traiter l’information.
- En permettant de regrouper les unités en constituants.
Les pauses permettent ainsi de découper le texte et jouer le rôle de la ponctuation. La segmentation du texte en constituants facilite la compréhension.
C. Les autres caractéristiques
La phonétique est aussi un facteur décisif ; le lien est évident entre l’introduction d’une pratique phonétique et le développement de la compréhension orale. Les expériences menées avec les étudiants roumains (au niveau débutant et intermédiaire) montrent des difficultés particulières de compréhension dues en grande partie à la phonétique et de mauvaises habitudes de prononciation.
D. Les difficultés particulières
Chaque langue possède un système de sons, un rythme et une intonation qui lui sont propres. Il existe un lien étroit entre ces traits et les difficultés d’écoute ou d’expression en langue française.
L’apprenant entend et reconnaît des voyelles, des consonnes et des syllabes, il perçoit les unités phonétiques, mais il ne les associe pas à du sens. Il lui manque le comportement linguistique qui permet normalement d’associer des formes sonores, perçues globalement, à des significations connues.
Qu’est-ce que le rythme dans la parole ? C’est le fruit d’un groupement de formes sonores auxquelles on donne une unité qui se manifeste par la mélodie de l’intonation. L’intonation varie avec la syntaxe, avec l’attitude du locuteur par rapport à ce qu’il énonce, avec la situation de communication. L’intonation est très souvent corrélée de silences, de pauses et de variations de la vitesse d’élocution, qui sont des moyens utilisés pour exprimer l’intention.
L’une des spécificités du français réside dans sa façon tout à fait particulière d’associer les mots au sein d’un groupe rythmique dont la taille est très variable, et à utiliser la durée pour marquer la fin du groupe rythmique.
BIBLIOGRAPHIE
BEACCO, Jean-Claude, «Documents pour la classe: quels critères ?>> in Le Français dans le Monde, 1988, n°214.
COSTE, Daniel, «Textes et documents authentiques au niveau 2», in FDLM, 1970, no.73,
CONSEIL DE L’EUROPE, Cadre européen commun de référence pour les langues. Apprendre, enseigner, évaluer, Paris, Conseil de l’Europe/Didier, 2001.
BARFETY, Michèle, BEAUJOUIN, Patricia, «Compréhension orale», collection Compétences A1, A2, Paris, CLE International, 2007.
Articole asemanatoare mai vechi:
|